vendredi 19 février 2010

Militante, La Bourse est dans Politis

Dans un de ses derniers numéros, l'hebdomadaire Politis a adroitement mis en regard sa recension de La Bourse avec celle du livre de Jean-Marie Vincent, Max Weber ou la démocratie inachevée. Ces deux auteurs partagent en effet l'opinion selon laquelle "la théorie [est] un 'acte de militantisme, non pas partisan, mais un engagement dans les problèmes de son temps'."

Voici la copie des deux notices :
La Bourse
Max Weber, traduit de l’allemand et présenté par Pierre de Larminat, éd.Allia, 160p., 6,10euros.

Les éditions Allia proposent la traduction d’un petit essai de Max Weber, inédit à ce jour en français et initialement paru en deux livraisons, en 1894 et 1896, dans une revue destinée au mouvement ouvrier, où le sociologue se propose d’expliquer le rôle de la Bourse dans le capitalisme, son fonctionnement, les phénomènes spéculatifs et les différentes opérations boursières. Très didactique, ce texte porte une grande attention à la complexification des échanges internationaux, offrant ainsi une lecture sociologique de la mondialisation financière. Or le contexte dans lequel l’auteur de l’Éthique protestante et l’origine[sic] du capitalisme a écrit ce bref essai –qui rappelle fortement ce que connaissent actuellement les économies du XXIe siècle– est celui d’une série de crises et de scandales financiers qui viennent de secouer l’économie allemande, à un moment où celle-ci «subit de plus en plus l’influence des marchés boursiers» (Pierre de Larminat dans son Introduction). Destiné à un public qui ne connaît, peu ou prou, rien à la Bourse, cet ouvrage porte la marque du talent explicatif de Weber, dont «l’ambition pédagogique servait aussi une opération politique, conformément à ses principes selon lesquels la science doit contribuer à l’action politique». Un texte passionnant, d’une surprenante actualité.

Max Weber ou la démocratie inachevée
Jean-Marie Vincent, préface de Catherine Colliot-Thélène, éd.LeFélin/poche, 300p., 12euros.

Autre livre qui vient mettre en lumière la force des concepts wébériens pour la pensée contemporaine, le Max Weber du philosophe et sociologue Jean-Marie Vincent, ouvrage épuisé, paru en 1998, que les éditions du Félin ont eu la bonne idée de rééditer récemment, donne à lire une interprétation de l’œuvre du sociologue allemand en tant que penseur de la démocratie moderne. Vincent, qui n’a cessé tout au long de sa vie de fréquenter Weber, confronte celui-ci à, entre autres, Marx, Benjamin ou Adorno pour s’interroger sur la nature et l’avenir de la démocratie dans sa forme actuelle, entendue comme «possibilité de la politique dans des sociétés régies par les logiques de l’économie capitaliste» (Catherine Colliot-Thélène). Un ouvrage sur Weber «singulier», l’un des derniers de Jean-Marie Vincent, disparu en 2004, pour qui la théorie était un «acte de militantisme, non pas partisan, mais un engagement dans les problèmes de son temps». À(re)lire de toute urgence.
Olivier Doubre
Politis - n°1088 - 4 février 2010, p.29

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