mardi 13 décembre 2011

Quelle articulation entre "l'analyse quantitative" et "l'analyse qualitative" des portefeuilles financiers?

Le 27 janvier 2012, je prendrai part aux XIIIe Journées Internationales de Sociologie du Travail, organisées à Bruxelles par le laboratoire Métices.

Le document de travail que je proposerai à la discussion lors de ma communication est disponible sur le site des JIST, ici. J'y poursuis l'étude de la division sociale du travail d'analyse de portefeuilles financiers que j'ai entamée au cours de ma thèse.

J'ai déjà présenté quelques résultats préliminaires lors de journées d'études consacrées à la notion de risque, en mai dernier à la MSH Ange Guépin à Nantes. Le texte qui soutenait ma communication était celui-ci. À Nantes, j'avais insisté sur la relation fonctionnelle qui unit les différents types d'analyse que les analystes de fonds distinguent lorsqu'ils étudient l'opportunité de confier des capitaux à des gérants d'actifs. En effet, les investisseurs professionnels opposent communément une "analyse quantitative" et une "analyse qualitative. Ils les présentent comme deux régimes de connaissance qui se recouvrent partiellement et dont l'addition permet d'atteindre un niveau de perfection supérieur de la connaissance.

Bien plutôt, les deux types d'analyse, "quantitative" et "qualitative", entretiennent l'un avec l'autre des relations fonctionnelles. En pratique, "l'analyse quantitative" correspond à une détermination rétrospective de la qualité d'un fonds, qui repose sur des calculs statistiques appliqués à des données issues de séries de prix, c'est-à-dire à un "historique de performances". "L'analyse qualitative" désigne une recherche des conditions sociales de production des performances passées, et des raisons de croire à la pérennité de ces conditions. En effet, si ces conditions sont toujours réunies, alors il est raisonnable de croire à la reproduction de la forme d'incertitude que traduisent les performances passées, et de faire reposer la décision d'investissement sur la caractérisation du risque que permet l'analyse des performances passées.

À Bruxelles, je souhaite mettre l'accent sur un autre aspect de la division entre les deux types d'analyse: les investisseurs sont confrontés régulièrement à l'échec de leurs prévisions et développent ainsi une méfiance à l'égard de "l'analyse quantitative", se cantonnant à l'exclusion des fonds qui ont simplement montré de piètres résultats. Les analystes se replient sur "l'analyse qualitative" prise comme une appréciation du professionnalisme des gérants d'actifs. Ils jugent alors les gérants en fonction de la conformité de leurs pratiques avec un état de l'art professionnel.

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